La mise en place et l’établissement d’un dispositif de la Formation professionnelle en Milieu de Travail (FPMT) nécessite une forte implication des acteurs du secteur privé, cela dans les 3 niveaux micro, méso et macro. Toutefois il aussi important de convaincre ses acteurs de la nécessité de leur implication. Puisque pour ces acteurs une forte implication de leur part serait synonyme d’une augmentation de cout ou encore l’apparition de charges conséquentes pour leurs structures.
De ce fait, il est indispensable de concevoir un argumentaire réaliste, objectif, empirique et convaincant, un argumentaire qui démontrerait concrètement tout le bénéfice de la FPMT au profit des entreprises et des associations professionnelles.
C’est dans cet optique que le projet Tamheen a mené une étude d’analyse cout bénéfice, une analyse qui permettrait d’apporter la preuve de l’intérêt économique que les entreprises pourraient avoir en améliorant leur implication dans la FPMT.
Il est nécessaire de souligner que la GIZ a bien mené des études similaires et 2007 et en 2010, des études spécifiques aux deux secteurs du textile-habillement et celui de l’hôtellerie. Les deux études avaient déjà souligné la nécessité économique d’une forte implication du secteur privé mais aussi l’intérêt que cela apporte aux entreprises.
L’étude menée dans le cadre du projet Tamheen a donc couvert 5 secteurs d’activités : l’automobile, le BTP, la maroquinerie, le transport, les NTIC.
L’étude s’est donc déroulée dans le périmètre suivant :
- 11 entreprises de 5 secteurs d’activités différents ;
- 4 Centres de formation professionnelle ;
- 2 Associations professionnelles ;
- 4 régions (Casablanca, Rabat, Fès et Tanger) ;
- Des entreprises de tailles différentes (de la TMPE à la filiale de multinationale).
L’étude menée a permis d’arriver aux conclusions suivantes :
- Le modèle d’apprentissage n’est pas seulement une réussite en termes pédagogiques, il l’est aussi en termes économiques.
- Le modèle de formation par apprentissage a le caractère d’un investissement dans les ressources humaines.
- L’analyse des coûts-bénéfices démontre clairement que les entreprises qui recourent à la formation professionnelle en milieu de travail réalisent des économies substantielles estimées à près de 000 DH par an et apprenti.
| Coût net pour l’entreprise | Apprenti ouvrier |
| Rémunération annuelle | 12.000 DH |
| Total Coût d’Encadrement annuel | 4.200 DH |
| Frais de fonctionnement annuels | Coûts identiques |
| Entre apprenti et ouvrier | |
| Subvention annuelle à l’Entreprise | 3.000 DH |
| Apport de l’apprenti (Contribution au rendement) | 21.225 DH |
| Coût net annuel pour l’Entreprise | -8.025 DH |
- L’économie de coût est encore plus importante pour les entreprises si on considère le coût de recrutement et formation d’une recrue extérieure.
- L’Etat réalise des économies substantielles du fait que les apprentis sont à plus de 80% du temps en entreprise.
- L’apprenti est mieux préparé au marché du travail, il bénéficie aussi d’une rémunération pendant sa formation.
- Le modèle de CFA Intra Entreprise correspond plus aux besoins des grandes entreprises à haute intensité de main d’œuvre.
- La FPMT ne doit plus être réservée aux grandes entreprises, elle doit aussi s’ouvrir aux TPME.
- La majorité des TPME peut assurer la formation pratique des apprentis mais elle peut difficilement assurer la formation théorique.
- Le modèle de CFA Inter-Entreprises se prête mieux aux TPME car elles n’ont souvent pas les moyens et l’encadrement nécessaires pour créer un CFA en interne.
Le modèle de calcul adopté pour cette étude a le mérite d’être plus simple, plus intuitif et mieux adapté à la TPME, il retient principalement les coûts directs additionnels des apprentis. Sur la base de ce modèle, un apprenti coûte 8.025 DH de moins qu’un ouvrier sur une période d’un an. L’économie annuelle sur un groupe de 20 personnes serait de 160.500 DH.
Cette économie devrait être encore plus importante si on intègre les économies de coût indirects. Un ouvrier a souvent besoin de 2 à 3 mois pour devenir productif soit près de 10.000 DH de coûts cachés pour chaque recrue.
Enfin la conclusion la plus évidente demeure que La productivité et la compétitivité des entreprises ne peuvent que s’améliorer avec du personnel mieux formé. Une meilleure qualité de formation suppose nécessairement une grande implication des entreprises